Plus de 130 pays qui se sont réunis du 6 au 8 mai 2025 à Santiago au Chili dans une grande conférence sur le financement de la biodiversité organisée par le PNUD, ont proposé des solutions innovantes et 91 plans nationaux pour transformer la manière dont la nature est valorisée et protégée. En effet, ces pays se sont ralliés aux objectifs mondiaux en matière de biodiversité et ont exploré des solutions de financement audacieuses – allant des obligations pour la protection de la nature aux subventions réaffectées, de la fintech aux crédits nature – afin de débloquer des financements durables pour la conservation à une époque où l’aide internationale est en baisse. A appris infoplusrdc.com auprès de la Cellule de Communication du PNUD-RDC.
Avec 92 nouveaux pays qui ont lancé le développement de leurs « plans de financement de la biodiversité » nationaux, la conférence a souligné une dynamique mondiale de soutien pour la réalisation du cadre mondial pour la biodiversité Kunming-Montreal , dans la foulée de la conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP16) qui s’est tenue au début de l’année.
Le message était clair : l’innovation en matière de finances publiques, la réaffectation des subventions, l’engagement du secteur privé et l’accès au financement pour les peuples autochtones et les communautés locales sont essentiels au financement durable de la nature.
La 6ème édition de la Conférence mondiale sur le financement de la biodiversité est organisée par l’Initiative pour la finance de la biodiversité (BIOFIN) du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
Le plus grand rassemblement à ce jour de la communauté œuvrant pour le financement de la protection de la nature a réuni de hauts fonctionnaires représentant les ministères de l’Environnement et des Finances, ainsi que des membres clés du gouvernement.
« Nous sommes très fiers, en tant que pays, d’accueillir les 133 pays qui font partie du réseau BIOFIN du PNUD », a déclaré S.E. Maisa Rojas, ministre de l’environnement du Chili, lors de la séance d’ouverture.
« Aujourd’hui, le principal défi consiste à rendre la biodiversité visible et à reconnaître son rôle essentiel dans le développement économique, l’organisation sociale et l’identité de nos pays, en lui donnant une dimension claire et mesurable, intégrée dans les comptes nationaux et le développement économique durable », a-t-elle déclaré.
Elle a ajouté que « en tant que pays, nous comprenons que les solutions ne peuvent être isolées et qu’elles doivent toujours impliquer la coopération sous ses nombreuses formes. C’est pourquoi nous travaillons à l’intégration des politiques relatives au climat et à la biodiversité. Un exemple est notre loi-cadre sur le changement climatique, qui fixe l’objectif de neutralité carbone et de résilience d’ici à 2050, en encourageant l’utilisation de solutions fondées sur la nature comme outils d’atténuation et d’adaptation. Il s’agit là d’une excellente occasion de lier les actions et les mesures en faveur de la biodiversité à l’adaptation au climat et aux instruments de financement. »
Environ un million d’espèces animales et végétales sont actuellement menacées d’extinction. Ce déclin est principalement dû aux activités humaines, notamment aux changements d’utilisation des terres et des mers, à l’exploitation directe des organismes, au changement climatique, à la pollution et à l’introduction d’espèces envahissantes.
« La sauvegarde de la nature n’est pas une priorité parmi d’autres : elle est le fondement de nos économies, de nos sociétés et de la promesse d’un avenir digne », a déclaré Michelle Muschett, sous-secrétaire générale des Nations unies et directrice régionale du PNUD pour l’Amérique latine et les Caraïbes.
« Le développement humain ne peut être séparé de la santé de notre monde naturel. En Amérique latine et dans les Caraïbes, une superpuissance en matière de biodiversité, le PNUD travaille avec les pays pour transformer la manière dont la conservation de la nature est évaluée et financée », a-t-elle déclaré.
« Alors que le PNUD fête ses 60 ans de promotion du développement durable, nous réaffirmons notre engagement en faveur de solutions qui protègent, restaurent et soutiennent les écosystèmes qui sont à la base de la résilience, de la prospérité et du bien-être de la planète et des générations actuelles et futures », a-t-elle ajouté.
Le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), en partenariat avec BIOFIN du PNUD – une initiative mondiale consacrée à la conception et à la mise en œuvre de solutions de financement de la biodiversité à grande échelle – aide plus de 90 pays à élaborer des plans de financement de la biodiversité.
Ces plans ont été reconnus lors de la COP16 des Nations unies sur la biodiversité, qui s’est tenue en Colombie, comme une « action habilitante » permettant de combler le déficit financier mondial en matière de biodiversité, qui s’élève à plus de 700 milliards de dollars par an.
« Le FEM est heureux de travailler avec BIOFIN pour accélérer les actions qui permettront de combler le déficit de financement de la biodiversité et d’aider le monde à atteindre les objectifs du Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal », a déclaré Carlos Manuel Rodríguez, directeur général et président du Fonds pour l’environnement mondial (FEM).
« Ensemble, nous aidons les gouvernements à réorienter les flux financiers et à mobiliser les ressources nationales en faveur de la biodiversité, ainsi qu’à veiller à ce que la biodiversité soit pleinement intégrée dans les priorités économiques et de développement et ne soit pas traitée après coup », a-t-il déclaré.
Alors que l’aide traditionnelle au développement continue de diminuer, le besoin de modèles de financement plus catalytiques n’a jamais été aussi grand. La finance pour la finance – l’utilisation stratégique des ressources limitées des donateurs pour débloquer des fonds publics et privés beaucoup plus importants – offre une voie essentielle pour aller de l’avant.
BIOFIN du PNUD a déployé l’approche de la finance pour la finance dans 41 pays afin de catalyser plus de 1,6 milliard de dollars pour la nature depuis 2018.
De petits investissements catalytiques dans les politiques, les structures financières et les incitations ont permis de débloquer des flux financiers durables bien plus importants, faisant du modèle « Finance pour Finance » un accélérateur éprouvé pour les pays désireux d’atteindre leurs objectifs en matière de biodiversité et de développement.
Quelques exemples d’impact de l’approche « Finance pour Finance » de BIOFIN (chiffres 2024) :
Le Botswana a révisé les droits d’entrée dans les zones protégées, conformément aux recommandations de son plan de financement de la biodiversité, ce qui a permis d’augmenter les recettes des parcs nationaux de 7 millions de dollars en une seule année.
L’Argentine a conçu un plan de financement de la biodiversité de 420 millions de dollars dans la province de Misiones, qui intègre l’assurance pour la conservation du jaguar afin de protéger les écosystèmes essentiels.
Le gouvernement équatorien a distribué plus de 800 millions de dollars de microcrédits en appliquant des mesures de protection de l’environnement afin d’encourager la croissance de petites entreprises respectueuses de la nature.
La Thaïlande a introduit un droit d’entrée de moins d’un dollar sur son île méridionale de Koh Tao pour financer la protection des coraux et de la biodiversité marine, générant un total cumulé de 314 000 dollars d’ici à la fin de 2024.
Au Kazakhstan, une réforme législative a permis de tripler les budgets des zones protégées depuis 2018, pour un total de 70,3 millions de dollars.
Les subventions nuisibles à l’environnement ont été un autre sujet de discussion majeur lors de la conférence.
Les pays reconnaissent de plus en plus que la réaffectation des subventions nuisibles est doublement gagnante : elle permet non seulement d’économiser l’argent public en réduisant les dépenses inefficaces, mais aussi de réaliser des gains importants en matière de biodiversité en mettant fin aux incitations qui conduisent à la destruction de l’environnement. Le PNUD soutient les pays dans l’élaboration de plusieurs scénarios de réorientation d’une subvention.
Un thème récurrent de la conférence a été le rôle croissant du secteur privé dans la prise de décisions d’investissement favorables à la nature, grâce à des instruments de financement mixtes tels que les obligations vertes, et à des approches telles que l’accès et le partage des avantages, ainsi que les contributions aux ressources génétiques sur lesquelles leurs activités sont ancrées.
Une transition mondiale vers des économies favorables à la nature pourrait générer jusqu’à 10 000 milliards de dollars de nouvelles opportunités commerciales, selon l’engagement du PNUD en faveur de la nature (UNDP’s Nature Pledge) – un engagement phare visant à aider 140 pays à atteindre les objectifs mondiaux en matière de biodiversité.
« Cette conférence illustre l’élan que nous donnons à l’engagement du PNUD en faveur de la nature afin de modifier la manière dont nous prenons en compte la nature dans nos systèmes économiques et financiers à travers le monde », a déclaré Midori Paxton, directrice mondiale du Nature Hub du PNUD.
« En réunissant plus de 130 pays, nous ne réaffirmons pas seulement notre engagement collectif en faveur du cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal, mais nous traduisons également cet engagement en stratégies concrètes grâce à des initiatives fortes telles que BIOFIN », a-t-elle déclaré.
Les progrès réalisés lors de la 6èmeConférence mondiale arrivent à un moment crucial, avec des étapes mondiales majeures à venir en 2025 – y compris la Quatrième Conférence internationale sur le financement du développement en Espagne et la COP30 des Nations Unies sur le climat au Brésil. Elle offre une occasion cruciale de faire progresser l’intégration du financement de la biodiversité dans les plans de développement nationaux et dans l’agenda plus large des objectifs de développement durable.
Les crises de la biodiversité et du climat sont profondément liées, se renforçant et s’accélérant mutuellement. Le changement climatique est aujourd’hui l’un des principaux facteurs de perte de biodiversité, altérant les habitats, perturbant les écosystèmes et poussant les espèces vers l’extinction.
Parallèlement, la destruction des forêts, des zones humides, des océans et d’autres systèmes naturels affaiblit la capacité de la planète à absorber le carbone et à réguler le climat.