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ONU : les violences sexuelles sont un crime que l’on peut prévenir et punir en vertu du droit international humanitaire, du droit pénal international et du droit international des droits de l’homme (Pramila Patten)

Publié le 17 juin 2023 à 13h50

Par Joseph Muela

Madame Pramila Patten, la Représentante Spéciale du Secrétaire Général chargée de la question des violences sexuelles, a animé une conférence de presse focalisée notamment sur la recrudescence des violences sexuelles dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). C’était le vendredi 16 juin 2023 au siège de la MONUSCO à Kinshasa. A constaté infoplusrdc.com

D’entrée de jeu, Mme Pramila Patten a circonscrit le cadre de sa visite en RDC : « (…) ma visite en RDC du 9 au 17 juin regorge plusieurs objectifs notamment l’importance de la lutte contre l’impunité pour les auteurs de ces violences, qu’elle que soit leur affiliation, engagement avec les femmes leaders, les religieux, la communauté diplomatique, la société civile et les survivants des violences sexuelles pour discuter de leur point de vue sur la situation des violences sexuelles qui sévissent dans la partie Est (…) ma visite en RDC sur les questions liées aux violences sexuelles en zone des conflits, intervient dans un contexte de recrudescence sexuelle dans l’Est de la RDC et dans la situation complexe pré-électorale pour rencontrer les autorités militaires provinciales notamment le gouverneur, les acteurs humanitaires (…) Et aussi se rendre sur le site des déplacés de Bulengo pour pouvoir témoigné de la réalité des conditions de vie de déplacés (…), a indiqué la Représentante Spéciale du Secrétaire Général chargée de la question des violences sexuelles.

La Représentante Spéciale du Secrétaire Général chargée de la question des violences sexuelles a salué l’engagement et le travail des acteurs humanitaires et des entités onusiennes dans le camp de déplacés et s’assurer de l’adéquation de l’assistance par rapport au besoin spécifique.

« (…) j’ai été personnellement choqué par l’existence de nombreux lieux communément baptisé « maison de tolérance, autour et dans le Camp dans le quel les femmes et jeunes filles sont contraintes, y compris pour de raison de survie pour survenir à leurs besoins de base et ceux de leurs familles, de se prostituer de quelques centaines de Franc (…) », a-t-elle mentionné.

Et d’enchaîner : « (…) les violences sexuelles commises en période de conflit a ainsi été créées par la Résolution 1888 du Conseil de Sécurité de Nations-Unies qu’il a adopté en 2009 et qui fait partie d’une série de résolution qui marque un changement crucial dans l’appréhension et le traitement des violences sexuelles liées au conflit par la Communauté Internationale (…) ».

Avant d’ajouter : « (…) ces violences sont considérées comme un crime que l’on peut prévenir et punir en vertu du droit international humanitaire, du droit pénal international et du droit international des droits de l’homme, non plus comme corollaire inévitable de la guerre (…) ».

Non sans reconnaître les difficultés que la situation sécuritaire présente par le gouvernement de la RDC, Madame Patten en appelle au renforcement de sécurité aux alentours et dans le Camp des déplacés pour garantir la protection des populations civiles en vue de prévenir autant que possible les violences sexuelles.

Rappelons que la Secrétaire Générale de l’ONU chargée des violences sexuelles commises en zones de conflits, Pramila Patten, a participé le 15 juin à Kinshasa, à la cérémonie organisée pour la commémoration du 10ème anniversaire de la signature du Communiqué conjoint.Devant une assemblée constituée d’officiels du Gouvernement et de la Présidence de la République, des ONG et activistes impliqués dans la lutte contre les violences sexuelles, Madame Patten s’est dit choquée du degré croissant de la violence perpétrée sur les femmes et les jeunes filles dans les zones en proie à l’insécurité notamment le Nord-Kivu et l’Ituri.« J’ai visité le camp des déplacés de Bulengo à Goma, j’ai été frappée par la brutalité des violences sexuelles », a-t-elle soutenu, avant d’ajouter qu’il est crucial d’assurer une assistance immédiate adéquate à toutes ces victimes, et de veiller au renforcement de la sécurité autour des camps des déplacés internes et créer un environnement protecteur afin de mettre fin à ces violences.Elle a rappelé, non sans pincement au cœur, que la violence sexuelle est l’une des formes de violence les plus dévastatrices. « Les cicatrices sont durables. Les survivantes et survivants souffrent de blessures physiques, de traumatismes psychologiques, de marginalisation socio-économique, de discrimination et de stigmatisation ». Parlant des statistiques, elle rappelé que du 17 au 30 avril 2023, les équipes de Médecin Sans Frontière (MSF) ont soigné 674 victimes de violences sexuelles dans six sites de déplacés internes au Nord-Kivu. Rien qu’au premier trimestre 2023, la MONUSCO a documenté 187 cas dans les provinces du Nord et Sud Kivu, de l’Ituri et du Maniema. En 2022, l’UNICEF a rapporté plus de 38.000 cas de violences sexuelles basées sur le genre au Nord-Kivu.Madame Pratten a affirmé que l’UNICEF rapporte même « une recrudescence des violences sexuelles contre les enfants, avec des victimes de 3 ans abusés sexuellement ».Pramila Patten s’est toutefois réjouie de la promulgation en RDC, le 26 décembre 2022, de la loi fixant les principes fondamentaux relatifs à la protection et à la réparation des victimes de violences sexuelles liées aux conflits et des victimes de crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité. « Cette loi permettra de régler une dette historique en termes de réparations avec les survivants des violences sexuelles ; il est extrêmement urgent d’agir maintenant pour que cette situation temporaire par essence ne devienne pas pérenne et incontrôlable ».Elle a ainsi plaidé pour que des efforts supplémentaires nécessaires soient mis en œuvre afin d’assurer la vulgarisation de cette loi et la sensibilisation des parties prenantes. « J’invite ainsi les organisations de la société civile à jouer un rôle important pour atteindre cet objectif », a-t-elle lancé.Notons qu’il y 10 ans, les Nations Unies et le Gouvernement congolais signaient un communiqué conjoint portant sur la lutte contre les violences sexuelles liées aux conflits en République Démocratique du Congo.Ce document signé le 30 mars 2013 et amendé en 2015, constitue un acte d’engagement solennel entre les deux parties et vise à mettre en œuvre des mécanismes solides de lutte contre les violences sexuelles en zones de conflits, à mettre fin à l’impunité pour les auteurs mais aussi permettre l’accès à la justice et la réparation pour les victimes.

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