La grande salle de réunion de l’Hôtel de Ville de Kinshasa a servi de cadre le jeudi 31 Mars dernier à la campagne de sensibilisation sur les lois favorables à l’entrepreneuriat féminin et des jeunes organisée par ONU-Femmes à travers son projet de Réforme et de Dissémination des lois favorables à l’entrepreneuriat dans le cadre du Projet d’Appui au Développement des Micros, Petites et Moyennes Entreprises (PADMPME) né d’un partenariat entre le Gouvernement de la RDC et la Banque Mondiale. A constaté infoplus-rdc.com
La présidente de l’AFEECO et Coordinatrice du Comité National pour le Plaidoyer, Betty Mulanga qui a animé cette campagne, épaulée par d’autres intervenants, a fait comprendre à l’assistance le plaidoyer en rapport avec les 5 lois favorables à l’entrepreneuriat féminin et des jeunes sous le sceau des 5 messages clés véhiculés à travers toute la ville et bientôt, toute l’étendue du territoire national.
«Entreprendre et travailler, c’est possible pour la femme mariée, car la loi l’autorise» , message en rapport avec la Loi portant Code de la Famille, article 448; «Entrepreneurs, respectez les droits des travailleurs et travailleuses que vous recrutez», un message qui cadre avec la Loi portant Code du Travail en RDC, article7,129; «Dénonçons le harcèlement sexuel en milieu entrepreneurial», message dont le soubassement est la Loi portant les infractions relatives aux violences sexuelles, articles174 d; «Femmes, jeunes, pour sécuriser et garantir vos affaires, enregistrez votre entreprise à moindre coût et en peu de temps au Guichet Unique», message soutenu par le Décret portant création, organisation et fonctionnement du Guichet Unique de Création d’Entreprise (GUCE); «Femmes et jeunes, vous pouvez sortir de l’informel en créant une entreprise individuelle», message épousant le Traité de l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA), article 10 et Acte Uniforme relatif au Droit commercial Général (AUDCG), articles 7 et 10.
Décortiquant ces messages, les intervenants ont fait comprendre à l’assistance que conformément à la réforme de 2016 du Code de la Famille, le mari ne peut pas priver sa femme d’un droit que la loi lui accorde. Toutefois, ont ils souligné, il est recommandé à la femme mariée de ne pas brandir ce droit de manière brutale et conflictuelle. Les deux époux doivent préserver la paix et développer la concertation et la solidarité. Mais si le mari refuse, le dialogue entre époux doit être privilégié. En cas de blocage, la femme mariée peut saisir le tribunal, seul habilité à dire le droit.
Concernant la sanction du harcèlement sexuel, les intervenants ont indiqué que l’auteur du harcèlement dont la culpabilité est établie par le juge sera puni d’une peine d’emprisonnement d’un à 12 ans et d’une amende de 50 à 100 000 FC ou d’une de ces peines seulement. À noter que la loi dit que les poursuites seront subordonnées à la plainte de la victime.
Les femmes commerçantes et les jeunes ont été éclairés également sur l’intérêt du Guichet Unique de Création d’Entreprise qui réduit sensiblement les tracasseries pour la création et la reconnaissance juridique d’une entreprise. Une opportunité pour les femmes entrepreneures dont une grande partie se retrouve dans l’informel pour obtenir facilement la reconnaissance juridique de leur entreprise sans trop de formalités. Le coût est de 30$ pour créer une entreprise individuelle. Le délai de création étant de 3 jours.
Les participants se sont exprimés à l’issue de cette séance qu’elles ont qualifiées d’enrichissante :
«(…) Je remercie sincèrement les organisateurs de cette rencontre enrichissante, car nous déplorons toujours dans nos marchés le harcèlement sexuel et des tracasseries quotidiennes Mais parfois on a peur de dénoncer ça (…) Ces harcèlement sont dues souvent aux changements des tables étalages (…)», déplore une commerçante qui a requis l’anonymat.
«(…) La famille est la base, c’est ainsi qu’en sensibilisant une femme, celle-ci devienne aussi sensibilisatrice (…) j’ai décidé de me mettre en groupes avec les autres pour avoir ces documents afin de sortir de l’informel et d’être identifié pour bien faire notre travail(…) Aujourd’hui, j’ai appris beaucoup des choses grâce à ONU-Femmes (…)», a déclaré Maman Odette, une femme commerçante au marché central.
Rappelons que la première étape de cette campagne pilote de sensibilisation qui a démarré le 25 Mars dernier va se poursuivre jusqu’au 15 Avril prochain, dans les Eglises et les marchés de Kinshasa. À en croire les organisateurs, il est prévu dans la 2è étape de cette campagne, les universités de Kinshasa, ainsi que les partis politiques avec les femmes leaders.