En marge de la la Journée Internationale des Droits de la Femme, la Commission Nationale des Droits de l’Homme de la République Démocratique du Congo (CNDH-RDC) par le biais de sa Sous-Commission Permanente des Droits de la Femme et de l’Enfant a organisé mardi 5 mars 2024 dans la salle de Réunion de cette Institution Citoyenne d’Appui à la Démocratie à Kinshasa, un Atelier sur le thème national : « Accroître les ressources en faveur des femmes et des filles dans la paix pour un Congo paritaire : réflexion à la lumière du protocole de Maputo ». A constaté infoplusrdc.com
Si l’on en croit les organisateurs, les objectifs de cet Atelier où les autres participants du Nord-Kivu et de l’Ituri ont suivi en ligne sur Zoom, est de renforcer les capacités des participants sur la thématique nationale de la journée internationale des droits de la femme : accroitre les ressources nécessaires en faveur des femmes et des filles dans la paix pour un Congo paritaire ; Promouvoir les droits fondamentaux des femmes tels qu’énoncés par le Protocole de Maputo et autres instruments juridiques ; Eliminer toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes dans tous les secteurs ; Sensibiliser les participants sur la situation alarmante dans laquelle se trouvent les femmes à l’Est, notamment les femmes déplacées de guerre vivant dans les camps des déplacés ; Proposer des correctifs aux défis de l’effectivité des droits fondamentaux des femmes tels que prônés par le Protocole de Maputo.
Circonscrivant le cadre de ces assises marquées par une approche magistrale et interactive, la Commissaire Nationale en charge des Droits de la Femme et de l’Enfant, Gisèle Kapinga Ntumba, a déploré des violences à l’égard des femmes qui restent une honte pour l’humanité.
« (…) À l’échelle du rang social, de nombreuses femmes en dépit de leurs atouts et progrès réalisés, se heurtent encore à d’immenses obstacles, elles sont marginalisées et subissent l’injustice et la discrimination de formes diverses. Les statistiques de nos recentes élections sont relativement éloquentes à ce sujet. Pour reprendre les mots du Secrétaire Général des Nations-Unies, l’épidémie persistante des violences à l’égard des femmes reste une honte pour l’humanité (…) ».
Abondant dans le même sens, le président de la CNDH-RDC, Paul NSAPU MUKULU est, en ouvrant les travaux de cet Atelier, revenu sur la mission de son institution, non sans revenir sur le thème tant au niveau international que national :
« (…) Le thème de cette année au niveau international est « investir en faveur des femmes : accélérer le rythme ». Ce thème met en lumière l’importance de l’égalité des genres, de l’autonomisation des femmes et des filles et de leur droit à une vie plus saine.
Au niveau national, le thème retenu est « Accroître les ressources en faveur des femmes et des filles dans la paix pour un Congo paritaire ». Il s’agit là d’un puissant levier au service du développement. Dans toute l’étendue de la RDC, la CNDH-RDC compte actionner ce levier de développement, se reflétant à sa mission régalienne de promotion et de protection des droits de l’homme. La CNDH-RDC va donc collaborer avec des partenaires régionaux et des acteurs de la société civile pour appréhender les obstacles socio-économiques, systémiques et politiques qui entravent l’égalité des genres et le développement de la femme en RDC (…) ».
Et de rassurer : « (…) La CNDH-RDC continuera donc à promouvoir et à oeuvrer en faveur de l’égalité des genres et des chances et à rester déterminée sur ses réalisations en faveur des femmes afin de créer une dynamique dans la CNDH-RDC où l’on trouvera à jamais les femmes qui sont les partenaires égaux des hommes dans tous les aspects; les femmes qui accèdent à des postes de responsabilité en fonction de leurs compétences, et où les femmes qui peuvent vivre sans faire face à la discrimination, au harcèlement et à la violence (…) ».
A titre indicatif, depuis les années 70, les Nations Unies se sont plus que jamais engagées dans la promotion de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. Au-delà de l’adoption de la Convention onusienne sur les droits des femmes, l’engagement de l’ONU s’est traduit par la reconnaissance, en 1975, de la Journée internationale des droits de la femme en date du 8 mars 2024. Depuis lors, le monde célèbre cette journée chaque année en dressant un bilan sur la situation des femmes. Sur le continent africain, l’Union africaine s’est aussi engagée à renforcer la promotion et la protection des droits des femmes et filles africaines à travers l’adoption notamment du Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits de la femme, appelé communément le Protocole de Maputo.
Actuellement, ce Protocole est ratifié par la quasi-totalité des Etats africains. Cette année 2024, pour célébrer la journée internationale des droits de la femme, les Nations Unies ont retenu le thème « Investir en faveur des femmes : accélérer le rythme ». Il résulte de ce thème qu’une action commune doit être menée sur les cinq axes suivants pour assurer l’inclusion sociale et l’autonomie de vie des femmes à égalité avec les hommes :Investir en faveur des femmes, une question de droits humains ;Mette fin à la pauvreté ;Mettre en œuvre un financement tenant compte du genre ;Passer à une économie verte et une société de soins ;Soutenir les agents de changements féministes.A l’instar de beaucoup de pays africains, la RDC a ratifié le Protocole à la Charte africaine des Droits de l’Homme et des Peuples relatif aux droits de la femme, mais peine encore à se conformer aux engagements souscrits en vertu de ce protocole. Par conséquent, beaucoup de femmes, surtout à l’Est du pays, ne jouissent pas pleinement de droits fondamentaux garantis au niveau africain. C’est pourquoi, compte tenu de ses réalités propres, la RDC a choisi le thème du 8 Mars 2024 suivant : « Accroitre les ressources nécessaires en faveur des femmes et des filles dans la paix pour un Congo paritaire ». Il n’en demeure pas moins que ce thème s’inscrit dans le contexte de la précarité et d’insécurité dans lequel vivent de nombreuses femmes congolaises notamment à l’Est du pays. Jusqu’à ce jour, la RDC fait face à des conflits armés dévastateurs à l’Est, marqués par des violations graves des droits des femmes, dont les violences sexuelles et basées sur le genre. En tout cas, de nombreuses femmes manquent de moyens suffisants et de paix durable pour vivre de façon autonome et jouir pleinement de leurs droits fondamentaux garantis par le Protocole de Maputo. Sur la scène politique, les femmes continuent à subir des ségrégations injustifiées.
Au terme de cet Atelier, les participants devront maitriser le contenu et le fondement de la thématique nationale de la journée internationale des droits de la femme sous l’angle du Protocole de Maputo ; Les droits fondamentaux des femmes, y compris le droit à l’avortement sécurisé, surtout pour les femmes déplacées vivant dans des camps à l’Est du pays ; Connaître et prendre conscience de l’ampleur des défis auxquels font face les femmes à l’Est de la RDC ; Proposer des correctifs à tous ces défis pour l’effectivité des droits fondamentaux des femmes congolaises même vivant dans des zones en conflits armées.