L’Association des Femmes Avocats de la République Démocratique du Congo (AFEAC) dans la poursuite de ses objectifs, spécifiquement la Promotion et la Protection des Droits de la Femme, a mis en œuvre, avec l’appui de IPAS, un Projet dont le but est d’améliorer l’accès à l’information sur la Santé et les Droits Sexuels et Reproductifs et les services d’avortement complets afin d’arriver à changer le regard des Congolais, particulièrement les acteurs judiciaires, sur cette question. C’est dans cette optique qu’un Atelier de Formation sur les Violences Basées sur le Genre (VBG) et la Masculinité Positive a été organisée mercredi 25 avril 2024 dans la Salle Léon de Saint Moulin du Centre d’Etudes Pour l’Action Sociale (CEPAS) à Kinshasa par l’AFEAC. A appris infoplusrdc.com de la Cellule de Communication de cette structure.
Si l’on en croit les organisateurs, cette Formation est l’une des activités organisées par l’AFEAC visant à vulgariser et renforcer les capacités des avocats et avocates non membres de cette structure sur le Protocole de Maputo et d’autres documents légaux et réglementaires en matière de santé sexuelle et reproductive en vigueur en RDC.
Ouvrant les travaux de ces assises, la présidente de l’AFEAC, par ailleurs Commissaire Nationale de la Commission Nationale des Droits de l’Homme de la République Démocratique du Congo (CNDH-RDC), Me Gisèle Kapinga Ntumba en a circonscrit le cadre : « (…) Cette session est organisée dans le but d’obtenir l’adhésion des hommes, d’en faire des partenaires dans la lutte contre le rejet des dispositions de l’article 14.2 et ainsi, leur permettre de pouvoir assurer la défense en justice des cas portant sur l’avortement (…) Des avocates et avocats participent à la formation sur les Violences Basées sur le Genre et la Masculinité Positive (…) Une formation qui entre dans le cadre du Protocole de Maputo que notre pays, la RDC, fait partie des pays qui l’ont ratifié (…) Un protocole contribuant à l’évolution du Droit à la Santé Sexuelle et Reproductive (…) », a-t-elle soutenu en substance.
Et de donner les objectifs spécifiques de cette Formation : « (…) Présenter les notions spécifiques de CVTA ; Effectuer un rappel sur le cadre juridique congolais en matière d’avortement ; Vulgariser et renforcer les capacités des avocats et avocates non membres de l’AFEAC sur le Protocole de Maputo et d’autres documents légaux et réglementaires en vigueur en matière de santé sexuelle et reproductive en RDC ; Introduire les participants aux notions de violences basées sur le genre et de masculinité positive (…) ».
Avant d’évoquer les résultats à l’issue de cet Atelier : « (…)Les 15 avocats et avocates non membres de l’AFEAC sont renforcés en capacité sur la Clarification des Valeurs pour la Transformation des Attitudes (CVTA) sur le cadre juridique congolais en matière d’avortement, sur le Protocole de Maputo et d’autres documents légaux et réglementaires en matière de santé sexuelle et reproductive en vigueur en RDC, sur les VBG et la masculinité positive (…) »
Corroborant les propos de Madame la présidente de l’AFEAC, la Sage-femme, prestataire et animatrice de la Formation,
Aimé Olenga, s’est exprimée en ces termes : « (…) Le Protocole de Maputo est le protocole de la Charte Africaine sur les droits de l’homme mettant un accent particulier sur les droits de la femme dont le droit à la santé sexuelle et reproductive (…) Dans cet Atelier nous avons montré aux hommes d’adopter des bonnes attitudes en laissant aux femmes la liberté de choisir quand elles ont besoin d’un rapport sexuel, quand elles veulent tomber enceinte et aussi mettre un point en rapport avec le Protocole de Maputo sur l’avortement sécurisé dans son article 14.2 (…) ».
Pour sa part, Maître Sylvie Diulu, Avocate au Barreau de Kinshasa Gombe, animatrice de la Formation et membre de l’AFEAC, abondant dans le même sens, a souligné que le but de cette formation est d’aligner les hommes pour pouvoir lutter ensemble contre les violences faites aux femmes sous toutes ses formes. Non sans relever que l’AFEAC est en train de faire le monitoring au niveau des Tribunaux de Kinshasa pour voir s’ils appliquent les dispositions du Protocole de Maputo particulièrement en ce qui concerne les Droits à la Santé Sexuelle et Reproductive. « (…)Nous avons allié les hommes parce que notre Association ne comprend que des femmes (…) Nous avons organisé cette Formation pour pouvoir mettre les avocats et avocates non membres de notre Association, à niveau pour lutter ensemble contre les VBG(…) », a-t-elle martelé.
À titre de rappel, depuis l’adhésion de la RDC au Protocole de Maputo en 2006, il y a une évolution en ce qui concerne les Droits à la Santé Sexuelle et Reproductive. Ceux-ci comprennent notamment les droits des femmes à la maîtrise de leur fécondité et la prise en charge des soins complets d’avortement.
Si les femmes en grande partie, comme l’a souligné Maître Gisèle Kapinga Ntumba, connaissent aujourd’hui ces droits, elles ont toujours en grande partie, du mal à les faire valoir et à les défendre à cause des pesanteurs culturelles et de la non compréhension ou refus de compréhension par la frange masculine de la société, desdits droits.